"Bonjour pouvez vous expliquer le licenciement de Mr. Jérôme Bourreau-Guggenheim ?"
C'est la question qu'on peut lire dans la rubrique "Vos questions, nos réponses" du site de Tf1 depuis que la chaine a licencié son responsable du pôle innovation Web du site TF1.fr, Jérôme Bourreau-Guggenheim.
Au motif d'avoir envoyé un mail privé à sa députée dans lequel il critiquait le projet de loi Création et Internet, sur le téléchargement illégal.
Là où l'affaire devient emblématique d'une époque c'est lorsqu'on se penche sur l'enchainement des faits qui ont conduit à ce licenciement.
Petit rappel...
Il adresse un courriel, le 19 février, à sa députée du 17e arrondissement de Paris, Françoise de Panafieu dans lequel il exprime un avis défavorable à la loi hadopi. Par quel enchaînement un simple courriel envoyé d'une adresse personnelle peut-il conduire à un licenciement ?
Le 4 mars, Jérôme Bourreau-Guggenheim est convoqué par Arnaud Bosom, président de eTF1 qui s'occupe des activités numériques de la Une. Et là, celui ci lui lit le mail mot à mot !
Et lui dit qu'il ne peut pas laisser passer ça, que J. B-G n'a pas le droit d'avoir cette opinion.
Le courriel, lui explique M. Bosom, a été transmis à Jérôme Counillon, directeur juridique de la chaîne, par le ministère de Christine Albanel.
Interrogée par Libération, l'attachée parlementaire de Mme de Panafieu précise avoir transmis le courriel jugé "intéressant" au ministère de la culture pour simplement "obtenir un argumentaire".
Le 16 avril, M. Bourreau-Guggenheim reçoit sa lettre de licenciement, qui dénonce une "divergence forte avec la stratégie" de TF1 et dans laquelle on apprend que l'adoption de la loi est un "enjeu fort" pour la chaîne.
Comme quoi la démocratie fonctionne à plein régime, ne vous étonnez pas de vous retrouver licencié si un jour vous interpellez votre député en manifestant votre désaccord, consciemment ou pas, avec la "politique" de votre entreprise.